Des films à haut-potentiel

Petit tour d’horizon des films qui traitent de la question du haut-potentiel. Certains sont connus du grand public, d’autres plus confidentiels, certains abordent le sujet de manière frontale, d’autres ne sont compréhensibles que des concernés… Ne figurent ici que les films visionnés à ce jour par votre serviteur. L’article est appelé à être enrichi régulièrement… 


Will Hunting
(Gus Van Sant, 1997)

Peut-être le plus connu sur le sujet, Will Hunting a remporté en son temps un succès public et critique avec 2 Oscars dont celui du meilleur scénario. Matt Damon y incarne Will, un jeune agent d’entretien du très prestigieux Massachussetts Institut of Technology (MIT), à la vie plutôt « MITeuse«  (humour de zèbre…). Sauf que notre balayeur se passionne en cachette pour les sciences et parvient un jour à résoudre une équation insoluble laissée au tableau par un professeur…

L’intérêt du film réside bien entendu dans la confrontation entre Will et son psychologue, incarné par Robin Williams (Oscar du meilleur second rôle pour l’occasion). Si le terme de surdoué n’est pas chanté à tue-tête durant le film, Will en cumule les traits : il brille par ses connaissances livresques, cogite en permanence, rend chèvre les psychologues qui s’occupent de lui… La justesse du propos souffre juste un peu de l’exagération des traits, caractéristique du cinéma US à gros budget. Will est en effet aussi brillant que bagarreur, façon pour lui d’extérioriser la colère qui l’habite. Tout surdoué ne cumule pas un plaisir pour les équations et les bagarres de bistro. Mais peut être autant pris de fulgurances intellectuels que de souffrir d’un bouillonnement intérieur qui l’amène à jouer des poings.

Il se murmure que Matt Damon, co-auteur du scénario avec Ben Affleck, se serait intéressé au sujet parce qu’il est concerné…

 

 

Little man tate / Le petit homme (de Jodie Foster, 1991)

Autre personnalité de Hollywood concernée, Jodie Foster, qui signe ici son premier film comme réalisatrice. Une histoire touchante entre une mère et son fils Fred, petit surdoué de 7 ans. Le garçon, qui excelle tant au piano qu’en dessin et en mathématiques, est pris sous l’aile d’une éleveuse de champion. Une opportunité qui tourne au vinaigre lorsque l’enfant finit par souffrir de l’éloignement avec sa mère. Le scénario, un peu convenu, est toutefois traité avec beaucoup de tendresse, de crédibilité et les acteurs sont convaincants. Un classique à voir !

 

 

Mary (de Marc Webb, 2017)

La petite Mary Adler vit auprès de son oncle Frank. Tandis que ses camarades de CP s’évertuent à résoudre leurs premières additions, Mary extrait de tête des racines carrées. La petite a beau hurler son ennui et son désespoir d’aller à l’école, Frank estime qu’elle doit grandir au contact des enfants de son âge. Mais toute la famille n’est pas de cet avis…

Le film (prix du public au festival de Deauville 2017) pose la question du choix de l’école et du type d’accompagnement des jeunes surdoués les plus brillants. Si les talents de Mary tiennent de la fable (être du niveau d’une médaille Fields à 7 ans, comment dire…), on ferme volontiers les yeux. Car derrière la mathématicienne en herbe se cache une adorable enfant, sensible, éprise de justice et pas toujours commode…

Pour l’anecdote, on relèvera que Mary a un chat prénommé Fred. Un clin d’œil au petit garçon du film de Jodie Foster, Little Man Tate (voir plus haut) ?

 

 

Carrie Pilby (de Susan Johnson, 2016)

Carrie est une brillante étudiante qui sort diplômée de Harvard à 19 ans. Mais elle a de légères difficultés à s’intégrer. Il faut dire qu’elle passe le plus clair de son temps dans les livres, en dévorant 17 par semaine. Son psy a beau essayer de la raisonner, Carrie et lui ne parlent pas la même langue… un bel exemple du fossé qui peut exister entre un psychiatre neurotypique et un patient HP, ce dernier se pensant à la fois « comme tout le monde » et « anormal ».

Passé relativement inaperçu, le film a le mérite de mettre clairement en avant de nombreuses facettes du surdon (le mot est d’ailleurs prononcé dans le film) et surtout de creuser certaines caractéristiques du haut-potentiel chez le jeune adulte. Un film juste sur la question, intéressant par son réalisme.

Avec, en guest, Gabriel Byrne, le psy de la série In Treatment (version US de la série israëlienne  qui se déclinera en France par En analyse) dans le rôle du père de Carrie.

 

 

La Chute de l’Empire Américain / scène introductive (Denys Arcand – 2019)

Alors oui, le film ne traite nullement de la question du haut-potentiel, même si certains aspects développés résonneront peut-être chez certains. Tout comme il ne traite pas d’un quelconque déclin des USA ! Un décalage que le réalisateur canadien aime pratiquer pour intituler ses films, puisqu’il avait déjà réalisé Le déclin de l’empire Américain dans les années 80 ainsi que l’excellent Les Invasions Barbares qui ne se déroule nullement au Vème siècle après J.-C…, mais bien dans le Canada d’aujourd’hui ! Ce film tout à fait sympathique méritait d’être mentionné pour la seule scène d’introduction dont le visionnage (possible ci-dessous) ne vous « divulgâchera » en rien la suite du film. Aussi savoureux qu’éloquent !

 

 

Le monde de Charlie (Stephen Chbosky – 2012)

Le monde de Charlie (ou en anglais The perks of being a wallflower, adaptation du roman best-seller du même Stephen Chbosky dont le titre français est… Pas raccord !) n’a pas non plus vocation à être un film qui traite du sujet qui nous intéresse. Néanmoins, par de nombreux aspects, il vient faire écho à ce que beaucoup de zèbres pourront avoir connu à une période si riche et si formatrice de la vie.

Charlie est un jeune adolescent solitaire, passionné par l’écriture, plus à l’aise avec son professeur de littérature qu’avec ses pairs et vraisemblablement passé par la case hôpital à cause d’une anxiété maladive. Il va rencontrer Sam et Patrick (incarnés par Emma Watson et Ezra Miller) avec qui il va vivre toutes les expériences qu’on peut faire à cet âge, mais dans un cadre merveilleusement bienveillant ! Le résultat est un teen-movie qui vous va droit au cœur, peut-être l’un des plus beaux qu’il m’ait été donné de voir. On appréciera ce dialogue pour expliquer certaines relations amoureuses bancales :
– « Pourquoi tombe-t-on toujours amoureux de personnes qui nous méprisent ? »
« Parce qu’on n’accepte que l’amour qu’on croit mériter. »

 

 

Idiocracy (de Mike Judge, 2005)

Bien-sûr, le brûlot Idiocracy ne parle pas de la question du haut-potentiel. Mais il a le mérite d’offrir une perspective nouvelle, celle de personnes dont le QI est tellement supérieur à la norme qu’elles expérimentent un terrible décalage avec le reste du monde. Choisis parce qu’ils sont tout deux « moyens » au sens de « on ne peut plus normal » (QI = 100…), un homme et une femme se retrouvent malencontreusement envoyés en l’an… 2505. Sauf que, conformément à ce que les scientifiques pressentent déjà, l’intelligence moyenne a très fortement baissé ! Au 26ème siècle, on ne pense que sexe et argent (comment ça, c’est déjà le cas aujourd’hui ?), et surtout, on manque de la logique la plus élémentaire. Si bien qu’avec leur « magistral » QI de 100, nos 2 héros se retrouvent dans une position quelque peu proche de ce qu’un humain plus intelligent que la moyenne peut vivre aujourd’hui. Le syndrome de Cassandre y est astucieusement traité, ainsi que le décalage qui peut exister entre zèbres et normo-pensants. Un film visionnaire, sorti en 2005…

 

 

Le hérisson (de Mona Achache, 2009)

Seul film français dont il est question ici, « libre adaptation » (sic) du roman « L’élégance du hérisson » de Muriel Barbery, « Le hérisson » met en scène 3 personnages pour le moins inhabituels : Paloma, une enfant de 10 ans, qui vit dans la cellule familiale de manière quelque peu distante. Cachée derrière son vieux caméscope, elle filme son cadre quotidien pour mieux analyser (et déblatérer sur) les siens. Tout cela serait mignon si Paloma n’avait pas pour programme de se suicider à son prochain anniversaire !

Pendant ce temps, Josiane Balasko incarne Renée, la concierge de l’immeuble dépressive dont l’appartement héberge une gigantesque bibliothèque. Bourrue et mal apprêtée, Renée est toutefois capable de reconnaître de mémoire une simple phrase extraite d’un roman de Tolstoï.

A aucun moment dans le film il n’est question de surdon ou de haut QI. Quiconque connaît le sujet sentira qu’il est toutefois omniprésent, comme dans l’air. La fillette et la concierge en possèdent de nombreuses facettes, et à bien y regarder, le troisième personnage, celui de Kakuro le japonais, pourrait bien être aussi concerné, à sa façon… Un film touchant qui parlera d’autant plus au spectateur si celui-ci est familier de la question du haut-potentiel.

 

 

La Trilogie « Divergente » (de Neil Burger, 2014 – 2016)

Cette dystopie américaine peut vite s’avérer éprouvante pour l’amateur de films d’art et essai scandinaves, mais si on excepte les scènes de bourre-pifs, on se laisse vite prendre dans cette fresque aux tournures assez étonnantes, aux décors et à la photo très réussis.

Adaptation des nouvelles de Veronica Roth, Divergente campe un Chicago post-apocalyptique où les survivants sont répartis en 5 factions, selon leurs qualités naturelles : les altruistes (généreux), les intrépides (courageux), les érudits (à l’intelligence encyclopédique), les fraternels (gentils comme tout) et les sincères (incapables de mentir). Les premiers gèrent la politique, les derniers, la justice. Tout semble bien s’agencer dans le meilleur des mondes (« post-apo », toutefois). Sauf que… et c’est là que cela devient intéressant : certains ne rentrent pas dans les 5 cases suscitées. Ce sont les « divergents ». Ils cumulent en effet plusieurs des qualités citées, et sont vus d’un mauvais œil puisqu’à eux seuls, ils risquent de rendre caduque le système en place ! Tiens, tiens… Toute ressemblance avec des personnes existantes n’est peut-être pas totalement fortuite…

 

 

Amadeus (de Milos Forman – 1984)
Comment ai-je pu passer à côté de celui-ci, pourtant classique des classiques (du classique). Une récente rediffusion du biopic du plus célèbre des compositeurs est venu me rappeler que certaines facettes du jeune Wolfgang rejoignent le sujet qui nous intéresse. Mozart fut bien évidemment l’enfant prodige qu’on connaît et on en a fait une caricature de l’enfant précoce. La légende raconte qu’il aurait relevé de mémoire la partition du Miserere d’Allegri après l’avoir entendu à un concert (13 minutes de musique, quand même… peut-être des bribes ?). On a aussi évoqué à son sujet un syndrome d’Asperger. Dans Amadeus, le haut-potentiel de Mozart apparait très nettement et pas que dans ses prouesses musicales. Le réalisateur n’avait pourtant comme sources que les lettres et témoignages d’époque. Notre héros apparaît comme un grand enfant au rire ravageur, excessif en tout, irrévérencieux et peu respectueux des usages de la cour, ce qui lui est reproché. Il s’amuse aussi à prononcer des phrases à l’envers à sa bien-aimée pour lui déclarer sa flamme.. drôle d’idée.  Amoureux transi, hyperémotif, il est toujours soucieux de ce qu’on va dire de son travail… Bref, des traits qui vont susciter à la fois l’admiration et l’agacement de ses contemporains ! Ceux-ci lui reprochent même dans la scène ci-dessous qu’il y ait… « un peu trop de notes« . Si les oreilles de ces Messieurs ne peuvent entendre trop de notes à la fois, ce n’est assurément pas le cas de celles de Mozart !

 

Leonardo (série en 8 épisodes de 50 minutes – 2021)

Ses fans savent depuis longtemps que « Léonard est un génie » ! Assez proche d’Amadeus, en ce sens qu’il s’agit ici d’une biographie pour partie « fictionnée » d’un des artistes les plus fascinants de l’histoire, la récente série à gros budget Leonardo est un divertissement plutôt documenté qui permet de découvrir la vie de l’homme dans son époque. Leonardo da Vinci est bien sûr l’artiste polymathe (touche-à-tout) qu’on connaît, mais les réalisateurs insistent bien sur certaines dimensions qui m’amènent à l’intégrer à la rubrique : le peintre ne se satisfait pas de juste matérialiser ce qu’il voit, il souhaite voir au-delà du réel ! Ses tableaux sont ornés d’éléments riches de sens. Leonardo est aussi un éternel insatisfait : il cherche constamment à aller plus loin dans son art, se lance des défis, au grand dam de ses disciples. Travailleur acharné, il ne cesse d’apprendre, d’observer, cherche à comprendre. Il s’essaye à de nouvelles techniques, imagine des machines de guerre à la demande de son mécène Ludovico Sforza, exercice pour lequel il n’a aucun plaisir ! L’homme est enfin en proie à un doute maladif : il finit rarement ses œuvres (une vingtaine de tableaux seulement nous sont parvenus) et en aurait même détruites la plupart ! « Leonardo, génie consumé par son art » disait la bande-annonce lors de sa diffusion sur le service public…

 


Ont été également visionnés
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« Adam » (de Max Mayer, 2009) et « Le Goût des Merveilles » (d’Eric Besnard, 2015), sauf que ceux-ci mettent en avant des personnages qui cumulent une douance à un autisme de type Asperger. Forcément plus « clichés » au vu de la particularité flagrante du personnage principal qui impacte toute la narration, ces réalisations parleront plus aux personnes intéressées par le deuxième aspect.

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