En finir avec les clichés du surdoué

L’intention de cet article est de mettre un coup de boutoir aux idées reçues sur le surdon, appellation qui, elle-même pose d’ailleurs souci…
Aujourd’hui, on sait qu’être « surdoué » n’est pas ce qu’on a longtemps imaginé, à savoir un petit garçon, bon élève à l’école, fort en maths et qui réussit tout ce qu’il entreprend.
Si cela se vérifie souvent, c’est loin d’être toujours le cas…

– « Moi, surdoué ? Mais j’ai toujours été nul en maths !« 
– « Moi, surdouée ? Mes frères, oui, mais moi, la petite dernière, non… « 
– « Moi, surdoué ? Ça m’étonnerait, j’étais moyen à l’école ! Et je n’ai pas fait une grande carrière…« 

Malgré le battage médiatique de ces dernières années, on continue de lire et entendre ces propos de la part de personnes dont beaucoup de choses laissent à penser qu’elles pourraient être concernées. Certaines idées ont la vie dure, et ce ne sont pas toujours les meilleures… Il faut donc prendre son bâton de pèlerin pour expliquer que non, être surdoué n’est pas ce qu’on croit. Et parfois même, pas du tout… D’où la nécessité de redéfinir la question et de changer de terminologie…

On a tous connu dans les petites classes un enfant comme Agnan, le personnage des aventures du petit Nicolas. Sempé nous a livré sans le vouloir un magnifique cliché… qui n’en est pas un ! Agnan incarne un peu la caricature que la société a du surdoué, pourtant rien – à part le fait qu’il soit bon élève et le chouchou de la maîtresse – ne laisse imaginer qu’il « en est ».

Donc écrivons-le une bonne fois pour toutes : ce qu’on a appelé pendant des années être surdoué ne répond plus aujourd’hui à l’image communément admise. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Au début du XXème siècle, Alfred Binet avait déjà identifié des enfants dont l’intelligence pouvait être à la fois brillante, mais aussi décalée, et leur personnalité plus sensible… Mais les clichés ont la vie dure… les surdoués sont parmi nous, dans la rue, au comptoir, au boulot, et surtout là où on ne l’imagine pas ! Pour les reconnaître, oubliez ces cinq idées reçues…

Idée reçue #1 : le surdoué est « plus » intelligent

Et pour commencer, être surdoué n’est pas être PLUS intelligent, c’est avoir des aptitudes cognitive plus importante mais aussi une intelligence DIFFÉRENTE. Et par conséquent, un fonctionnement cérébral plus intense, plus riche, avec les conséquences positives ou négatives qui en découlent. Ce serait un peu comme penser en 3D quand d’autres sont en 2D. Ce fonctionnement cérébral peut se manifester par une vitesse de pensée plus grande, une mémoire d’éléphant mais aussi emmener la personne sur des chemins de traverse, avec des réflexions qui vont plus loin que ce que l’entourage ou le monde demandent. D’où des décalages dans les idées, les mots, les comportements. Dans l’enfance, c’est mignon et ça prête le plus souvent à sourire. Plus tard, ça peut prendre de drôle de tournures…

Idée reçue #2 : le surdoué est un « matheux »

Dans une société qui ne jure que par la sainte science comme vecteur de progrès et de richesse, être fort en maths est un gage de réussite sociale. Mais on peut vivre convenablement en étant nul avec les chiffres. Il existe des surdoués dyscalculiques, autrement dit fâché avec le calcul. Ceux-ci seront peut-être plus volontiers fascinés par les mots, l’histoire (l’archéologie, les dinosaures…) ou encore ce que l’imagination peut offrir comme terrain de jeu (écrire et raconter des histoires, des films)…

Idée reçue #3 : le surdoué est un garçon

Le surdon concerne autant les garçons que les filles. Dîtes vous que si vous connaissez 3 familles qui se targuent d’avoir un surdoué à la maison, il se peut que vous ayez dans votre entourage autant de filles concernées, à commencer par… les sœurs des dits garçons ! Les filles ne vont en effet pas le manifester de la même manière, même à l’âge adulte. Elles sont plus discrètes, vont moins chercher à briller que leurs homologues masculins, auraient une plus grande tendance à se conformer pour mieux répondre aux attentes sociales et parentales... Une grande sensibilité, un retrait épisodique qui écarte l’idée d’une timidité maladive, des fulgurances ou encore un imaginaire puissant seront autant d’indices.

Idée reçue #4 : Le surdoué est d’un milieu aisé

Forcément gosse de riches, le surdoué ? Pas nécessairement. Grandir dans un milieu aisé peut être plus facile, surtout s’il permet à junior de pratiquer des activités où il s’épanouit et peut briller. Mais voilà : on peut naître à haut-potentiel dans une barre HLM. Et le déterminisme social a d’autant plus de chances de venir entraver le destin de l’enfant. Encore une fois, tout est possible : le surdoué des beaux quartiers peut basculer du côté obscur et celui de la cité réussir au-delà des espérances. Tout est question d’équilibre psychologique, de compréhension et d’estime de soi, d’acceptation par les autres, des rencontres qu’il fera, etc… Mais oui, c’est plus facile d’être attentif aux besoins psychologiques des enfants quand les parents ne consacrent pas déjà toute leur énergie à nourrir la famille…

 

Idée reçue #5 : le surdoué « réussit » (à l’école ou dans la vie)

Dès l’école primaire, les résultats scolaires d’un enfant ne signifient pas nécessairement qu’il est surdoué ou non. Certains enfants brilleront tôt, d’autres connaîtront la phobie scolaire. Certains vont devenir des cracks dans leur domaine, d’autres vont s’éteindre avec le temps…

Ensuite, la société a établi que celui qui est intelligent réussit, et réciproquement. La personne intelligente a logiquement un métier à haute valeur ajoutée, à caractère scientifique de préférence, et sûrement pas un métier manuel ou artistique… Penser cela revient à imaginer que tout être humain rêve de famille rangée, de pavillon en banlieue, de 4×4 pour Monsieur et de Yorkshire pour Madame…  L’imagination, les réflexions, la sensibilité du surdoué vont peut-être l’inciter à vouloir autre chose, changer le monde, soigner des animaux, peindre dans sa sous-pente quitte à vivre de bouts de ficelles… ou pas. Les réalités du HP sont bien plus complexes. Mais avouez qu’envisager la vie selon les critères que la société nous « vend » ou les valeurs qu’elle perpétue n’est pas obligatoirement un signe d’intelligence…

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